Étalement urbain

Le vestibule de ma maison : 
une zone d’enjambement de chaussures. 
Certaines sont là depuis longtemps, oubliées, couchées sur le 
flanc à la place où leur propriétaire les a lancées après s’être 
déchaussé en vitesse. 
Il y a les souliers sport, ceux pour aller travailler, les bottes de pluie, 
les savates pour la détente, les sandales confortables, les pantoufles 
offertes par la marraine à Noël, les mocassins de toile, les espadrilles 
à crampons pour le soccer, les godasses qu’on ne lace pas et
celles aux contreforts écrasés … c’est la mode. 
Et puis, dans un coin férocement protégé de l’envahisseur, mes
chaussures. À moi. 
Un jour, je pourrai m’étaler à ma guise. Fiston finira par quitter le nid. 
Il a vingt-sept ans, après tout. 

Date de création: début 2019 

Publié dans la revue virtuelle Entrevous no 9, février 2019

© Diane Landry 2019
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