Je suis rentrée chez moi avec l’idée de me reposer. Une idée d’affaissement des chairs. Je parle du véritable abandon des os, les yeux fermés, du soupir du corps en entier se superposant au grincement des ressorts sous les capitons d’un vieux meuble en velours. Rose suranné. Vous imaginez les lieux: le pouf en cuir au pourtour clouté, le tapis à franges, le chat n’ouvrant qu’un œil à votre arrivée dans son domaine, et vous avez raison. N’est-ce pas rassurant d’appartenir à la noirceur poussiéreuse de ce salon ? Laissons l’obscurité s’étendre autour du cerne de café de l’accoudoir et concentrons-nous sur le moelleux des coussins. C’est l’heure. J’entends le chat se lécher les flancs à grands coups de langue.
Je laisse tout monter en graine, ce soir. Demain. Demain, je changerai le monde.
Date de création: Le 28 septembre 2009
Publié dans la revue Brèves (Laval, Qc), no 92, janvier 2016